Description
Maquette (ou projet d’architecture) représentant un quadrige dont le char est conduit par la Victoire distribuant des couronnes, elle est accompagnée de deux putti. Composition de bois et de plâtre peints dorés à la feuille d’or, reposant sur un socle également doré à la feuille. Le tout encastré dans un coffrage de présentation en acajou.
Cette maquette fait probablement partie des projets de composition destinés à couronner l’Arc de Triomphe du Carrousel du Louvre.
En 1806, François Frédéric Lemot, un sculpteur néoclassique très apprécié de l’Empereur, est associé à la construction de l’Arc de Triomphe du Carrousel destiné à supporter un quadrige. Fontaine et Percier en ont réalisés les dessins et le tout fut réalisé sous la direction de Denon. Les chevaux devaient en constituer le principal ornement.
En effet, au terme de la campagne d’Italie en 1798, Bonaparte fait ramener les célébrissimes statues des chevaux de Constantin. Le nouvel Arc de Triomphe du Carrousel, qui pastichait les arcs romains antiques, formait donc le socle parfait pour recevoir ces œuvres d’art exceptionnelles. Arrivées à Paris, les statues ont fait sensation, les gazettes en ont abondamment fait mention et des modèles en réduction ont sans doute été réalisés à cette époque.
Pour accompagner les chevaux, il est prévu qu’un char conduit par la Victoire et la Paix accueille une statue de l’Empereur. Cette dernière fut placée dans le char à l’insu de Napoléon qui la fit retirer : « Ce n’est pas à moi de me faire des statues. Que les Victoires et le char soient achevés, mais que ce dernier reste vide ».
Néanmoins, lorsque la France rend les chevaux à l’Italie en 1815, le char et les deux figures furent enlevés et détruits. C’est en 1828 que le baron François-Joseph Bosio réalise un nouveau quadrige qui est conduit par l’allégorie de la Restauration, il s’agit du modèle qui est toujours en place aujourd’hui.
Cette figure de la Victoire distribuant des couronnes apparaît sur deux monuments parisiens de la même époque que la première version du quadrige :
La première surmonte la fontaine place du Palmier à Chatelet, elle est décorée de plusieurs sculptures par Louis-Simon Boizot, et a été élevée exactement en 1808.
La seconde est un bas-relief situé sur la façade orientale du Palais du Louvre, il a été réalisé par Pierre Cartellier en 1807. Il s’agit là d’une version similaire à notre maquette, puisque que la Victoire distribuant les couronnes est accompagnée de putti à l’avant du char.
Notre modèle reprend celui des chevaux de Saint-Marc avec la même teinte et une échelle inférieure à celle du char afin de préserver les effets de perspective puisque la sculpture culmine à 15 mètres de haut et a été réalisée afin d’être vue en contre-plongée.
Le fait que la maquette soit installée dans un coffrage et décorée avec une dorure et une patine laisse penser qu’elle a pu être exposée ou présentée. Il est donc possible que la réalisation du quadrige ait fait l’objet d’un concours, comme il en était l’usage pour ce genre de commandes prestigieuses. Notre modèle pourrait être une des maquettes qui n’ont pas été retenues. Il pourrait s’agir d’un modèle donné par Louis-Simon Boizot ou Pierre Cartellier, qui ont ensuite réutilisé l’image de la Victoire pour les autres projets que nous avons cités précédemment.
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Model (or architectural project) representing a quadriga whose chariot is led by the Victory distributing crowns accompanied by two putti. Composition of wood and plaster painted with gold leaf, resting on a base also gilded with gold leaf. The whole is embedded in a mahogany presentation box.
This model is probably part of the composition projects intended to crown the Arc de Triomphe of the Carrousel du Louvre.
In 1806, François Frédéric Lemot, a neoclassical sculptor much appreciated by the Emperor, was associated with the construction of the Arc de Triomphe du Carrousel intended to support a quadriga. Fontaine and Percier made the drawings and the whole was realized under the direction of Denon. The horses were meant to be the main ornament.
Indeed, at the end of the Italian campaign in 1798, Bonaparte brought back the famous statues of the horses of Constantine. The new Arc de Triomphe du Carrousel, which was a pastiche of the ancient Roman arches, was the perfect base to receive these exceptional works of art. When they arrived in Paris, the statues caused a sensation, the gazettes made abundant mention of them and scale models were made at that time.
With the horses, it was planned that a chariot driven by Victory and Peace would carry a statue of the Emperor. The latter was placed in the chariot without Napoleon’s knowledge, and he had it removed: « It is not for me to make statues. Let the Victories and the chariot be completed, but let the latter remain empty.»
Nevertheless, when France returned the horses to Italy in 1815, the chariot and the two figures were removed and destroyed. In 1828, Baron François-Joseph Bosio made a new quadriga which was driven by the allegory of the Restoration, this is the one that is still in place today.
This figure of Victory distributing crowns appears on two Parisian monuments of the same period as the first version of the quadriga:
The first one surmounts the fountain at Place du Palmier in Chatelet, it is decorated with several sculptures by Louis-Simon Boizot, and was erected in 1808.
The second is a bas-relief located on the eastern facade of the Louvre Palace, it was made by Pierre Cartellier in 1807. It is a similar version to our model, since the Victory distributing the crowns is accompanied by putti at the front of the chariot.
Our model is based on that of the horses of Saint Mark’s, with the same color and a smaller scale than that of the chariot, in order to preserve the effects of perspective, since the sculpture reaches a height of 15 meters and was made to be seen from a low angle.
The fact that the model is installed in a box and decorated with gilding and patina suggests that it may have been exhibited or presented. It is therefore possible that the realization of the quadriga was the subject of a competition, as was customary for this type of prestigious commission. Our model could be one of the models that were not selected. It could be a model given by Louis-Simon Boizot or Pierre Cartellier, who then reused the image of the Victory for the other projects that we have mentioned above.