Description
Large commode par Brice Péridiez, reproduite dans le Nicolay
Début de l’époque Louis XV
Dimensions : H. 87 x L. 138,5 x P. 63,5 cm
Rare commode haute sur pieds dite « sauteuse » du début de l’Epoque Louis XV. La façade mouvementée ouvre à trois tiroirs sur seulement deux rangs. Vers 1730, le gout de l’époque est à l’allègement des commodes ouvrant traditionnellement à trois rangs de tiroirs. La suppression du rang inférieur va élancer la ligne des commodes, et mettre en avant un travail plus abouti sur les pieds, les ceintures et les tabliers. Cette commode est un des premiers modèles de ce type. La structure est en chêne et les tiroirs en noyer, ce qui confirme un travail français circa 1730.
Il faut remarquer les côtés mouvementés se terminant par un ressaut : ils permettent également de renforcer l’élégance en réduisant la largeur de la façade tout en conservant une grande dimension à l’arrière. Ce principe est aussi très novateur pour l’époque. La marqueterie encore d’inspiration régence est superbe : de multiples réserves rectangulaires encadrent des motifs géométriques réalisés dans des bois précieux, le satiné et le bois de violette. La puissance de la régence est sous-jacente avec les deux larges cannelures horizontales qui soulignent les tiroirs et structurent l’ensemble. Notons les poignées tombantes en bronze dorées qui confirme la période du tout début Louis XV, ces poignées étant remplacées par des modèles fixes dès 1740.
Les montants sont prolongés par quatre pieds galbés : à l’avant, la ligne est tendue et les faces intérieures allégées. A l’arrière le galbe plus balancé prolonge la découpe des ceintures latérales et reprend la puissance du règne précédent.
Le marbre est magnifique. Provenant du Languedoc ou d’Italie et sans aucun doute d’origine, il s’agit d’une veine rare, nuancée de brun et de violine.
L’ornementation des bronzes est aussi somptueuse qu’étonnante : Il s’agit sans doute d’une collaboration franco-Allemande qui naissait en ce début du 18ème siècle pour donner lieu à l’excellence du mobilier français. Le répertoire de ces bronzes est plus baroque que ce qu’il nous est donné de voir en général. Les chutes en particulier, ajourées comme de la dentelle couvrent une large partie du haut des montants. Les sabots et le tablier sont des modèles riches et uniques. Les entrées de serrures, rosaces et poignées totalement ajourées constituent un travail exceptionnel. La ciselure et fort aboutie pour cette période, et la dorure au mercure dans une fraicheur rare.
Cette commode est reproduite page 358 dans l’ouvrage « L’Art et la manière des Maîtres Ebénistes français du XVIIIème siècle » de Jean Nicolay, qui l’attribue à l’ébéniste Brice PERIDIEZ. Elle porte la marque du marchand Pierre II Migeon qui, pour faire face à la demande de ses clients prestigieux, faisait travailler les plus grands ébénistes dont Brice Peridiez. L’absence d’estampille de Peridiez s’explique de deux manières : Nous datons cette commode vers 1730 alors que Peridiez n’obtint son titre qu’en 1738. De plus l’estampille, impôt établi par Louis XV ne devient obligatoire qu’en 1743.