Description

Grand Prix de Rome en 1919, Alfred Auguste Janniot s’impose avec maîtrise et éclat dans les frises et bas-reliefs des grands murs parisiens et de province, ceux des édifices de la reconstruction ou conçus à l’occasion des grandes expositions internationales. Il s’affirme ainsi comme le maître du bas-relief lors de l’Exposition coloniale de 1931 avec la réalisation de la façade sculptée du musée des Colonies évoquant l’Afrique et l’Asie. En 1937, l’Exposition internationale des arts et des techniques le met de nouveau à l’honneur avec les immenses chantiers du nouveau Palais de Chaillot et du Palais de Tokyo. Ambassadeur de la sculpture française, il reçoit la commande de la décoration du Rockefeller Center de New-York, dont la magnifique porte en bronze doré de la Maison de la France ouvre sur la Cinquième avenue.

Son sens de la décoration et de l’allégorie se traduit également dans ses sculptures en ronde-bosse comme en témoigne notre Antilope aux beaux volumes lisses et arrondis. Par son dessin ferme et souple, elle n’est pas sans rappeler l’imposante biche du célèbre groupe Hommage à Jean Goujon, 1924 (200 x 235 cm) conservé à la Fondation Calouste-Gulbenkian de Lisbonne. C’est d’ailleurs à cette époque que le modèle Antilope a été créé mais dans une petite version qui a eu beaucoup de succès. Par la suite  vers 1929-1930 il a été réalisé en 101 cm de haut pour l’école maternelle Jean-Jaurès, à Bouscat, près de Bordeaux, sur une commande du maire de l’époque monsieur Cayrel. La sculpture est toujours en place et fait partie des quatre exemplaires répertoriés dans cette taille à ce jour. 

Nous savons, en effet, qu’un autre exemplaire appartenait à la collection de l’architecte Roux-Spitz que Janniot avait rencontré durant son séjour romain et avec lequel il s’était intéressé aux questions posées par la décoration murale. 

Le troisième exemplaire faisait partie de la collection de l’architecte Léon Azéma, qui a remporté le concours pour la construction et la réhabilitation du Palais de Chaillot avec Jacques Carlu et Boileau lors de l’Exposition Universelle de Paris de 1937. Très admiratif du travail de Janniot, Léon Azéma l’a imposé comme sculpteur pour la décoration des bassins et de la façade du musée permanent des Colonies. Il y a tout lieu de penser que ce troisième exemplaire est le nôtre puisque de tradition notre exemplaire a été offert par Janniot à un ami architecte est demeuré dans la famille jusqu’à sa mise sur le marché récemment. 

Enfin le quatrième exemplaire a été réalisé pour l’école de plein air de Pantin construite en 1936, date figurant également sur la sculpture toujours en place dans la cour de l’école. 

Janniot s’est adressé pour la fonte de ces exemplaires à une fonderie coopérative en activité de 1920 à 1938, ce qui détermine le terminus ad quem de la fonte de notre sculpture. Cette fonderie créée à l’initiative d’un regroupement d’artistes avait pour but de réaliser des fontes de qualité en réaction contre les fonderies uniquement préoccupées de rendement. C’est une des raisons pour lesquelles elle a été chargée par l’Etat de réaliser la fonte d’importants groupes destinés à orner les façades sur Seine du Palais de Chaillot dont Apollon Musagète de Henri Bouchard et Hercule domptant un bison de Pommier. 

Notre bronze, exceptionnel par sa taille, est donc tout à la fois extrêmement rare et de grande qualité.